Africa Cybersecurity Conference, Les grandes thématiques et enjeux discutés
Retour sur la 4ème édition d’Africa Cyber Security Conference : Les grandes thématiques et enjeux discutés.
La Conférence Africaine sur la Cybersécurité s'est tenue les 03 et 04 Octobre 2019 à l'hôtel Sofitel Ivoire d'Abidjan. Elle a débuté par la rencontre du Comité Consultatif sur le thème "Feuille de route de l'Afrique vers la 4ème révolution industrielle : Transformation numérique et cybersécurité".
Cette réunion a été ouverte par Mr Mack Coulibaly, Directeur Général de Jighi. De cette présentation, il ressort que l'Afrique a un réel potentiel pour réaliser sa transformation digitale et participer activement à la 4è révolution industrielle. Mais ce potentiel pourrait être ralenti par le fait que l'espace digitale africain n'est pas protégé et donc vulnérable à tout type d'attaques. Afin d'anticiper ces risques liés à l'économie digitale africaine, Jighi, apporte donc une solution : CyberWex. Il s'agit d'un outil se présentant sous la forme de la carte d'Afrique qui permet de surveiller les attaques des pays et des entreprises en temps réel. Sur la carte est indiqué les attaques et les sources de celles-ci. La réunion s'est conclu sur l'importance des mises à jour systèmes et de la protection du cyberespace africain.
ÉCONOMIE DIGITALE DE LA 4è RÉVOLUTION INDUSTRIELLE
Cette première table ronde a été introduite par Mme Gertrude Kone KOUASSI, Directrice Exécutif de UNETEL. Elle rapporte ainsi que la 4è révolution industrielle a été possible grâce à l'utilisation des Technologies de l'Information et de Communication qui, selon elle, a permis à certains pays comme la Corée du Sud et les îles Maurice de se développer de manière impressionnante.
En Afrique, il y a les forces (jeunesse assoiffée de technologie, véritable écosystème de startup), les opportunités (développement de la compétence, marché unique en Afrique) et principalement des défis (énergie, infrastructure et équipements, digitalisation du business, management des données, cybersécurité).
1. Les Challenges majeurs pour le 4è révolution industrielle
Mr James CLAUDE, Directeur Général de GVG, a notifié aux participants que plus de 400 millions d'africains utilisent Internet au quotidien.
De même, les nouvelles technologies comme l'Internet des Objets (IoT) et l'Intelligence Artificielle prennent de plus en plus de place dans nos vies. Elles impactent aussi le fonctionnement des entreprises et des pouvoirs publics tout en comportant de nombreux défis. Le principal défi est la sécurité de tous les process mis en marchent pour la transformation digitale. Il est aussi important de remarquer que l'Afrique manque cruellement d'experts dans le domaine. Ainsi, les challenges majeurs de l'Afrique pour la 4è révolution industrielle sont la transformation digitale, la cybersécurité et la formation de la ressource humaine.
2. La place des humains dans la révolution industrielle
La technologie est utilisée pour résoudre les problèmes auxquels les humains font face et pour améliorer leur quotidien de vie. Selon Mr Bevian SMITH, Chargé de gestion des risques en Afrique Subsaharienne pour VISA, les humains seront toujours au centre de cette révolution car l'intelligence la plus précieuse n'est pas artificielle.
3. Comment prévenir et anticiper les menaces ?
Trois approches doivent être considérées en cybersécurité, selon Mr EL AZOUZI Ali sont les suivantes : détecter un élément indésirable au bon moment; s'assurer que de tels événements indésirables ne se reproduisent pas dans un certain nombre de mesures structurelles et répondre lorsque les événements se produisent.
Ce panel s'est conclu sur l'importance de garantir la sécurité en permanence car la sécurité n'est pas une destination mais un voyage.
RÔLES DES TÉLÉCOMS DANS L'ÉCONOMIE LA 4è RÉVOLUTION INDUSTRIELLE DANS LE CONTEXTE DE LA TRANSFORMATION DIGITALE ET DE LA CYBERSÉCURITÉ
Mr Mohamed TOURE, Directeur de la Technologie et de la Transformation Digitale chez Deloitte, a introduit ce panel en présentant cinq tendances qui auront un impact majeur sur l'industrie des télécommunications : l'avènement de la 5G, le développement de l'intelligence artificielle, le Cloud, la forte croissance des entreprises chinoises de télécommunications et la convergence de la multitude de services vers le service mobile. Le panel a ensuite porté sur deux sujets.
1. L'avenir des acteurs de l'industrie des télécommunications face aux défis du numérique
Le premier aspect abordé est la personnalisation des services pour les clients. Ceux-ci développent déjà des besoins spécifiques. Le changement des besoins des clients et la croissance des services amèneront à des contraintes de coûts des deux côtés. Il faudra que les opérateurs investissent dans l'infrastructure nécessaire pour réduire la consommation des données. Justin WILLIAMS du Groupe MTN, précise que le challenge est avant tout de fournir des services simples et compréhensibles à facturer au client. Les panélistes ont aussi précisé que la menace des GAFAM est à prendre avec prudence, bien qu'ils soient toujours l'intermédiaire entre ceux-ci et les utilisateurs finaux. La question du rôle des télécoms dans cette 4è révolution dépend grandement de la proposition de services innovants. Ce qui implique un investissement conséquent dans l'infrastructure et la cybersécurité. Et les retombés sont déjà visibles notamment sur l'aspect financier avec le développement des services Mobile Money qui évoluera vers des solutions bancaires numériques. Mr Etienne KOUADIO, fait la remarque en affirmant : "Dans 10 ans, ne soyons pas surpris d’avoir des opérateurs dans les principales banques d’Afrique de l’Ouest."
2. Les défis de la Cybersécurité pour les télécommunications et les États
Le nombre de cyberattaques en 2018 a augmenté de 32% par rapport à 2017 notamment contre les plateformes de services financiers. Les opérateurs en sont une pièce centrale car ils sont responsables du déploiement des équipements. Et pour cela, la cybersécurité doit être aussi compris du point de vue politique. Certains États comme la Côte d'Ivoire l'ont compris et ont mis en place des mesures comme un CERT, élaboré une loi sur la Protection des données personnelles. De plus, les regards rivés des opérateurs sur les banques doivent s'accompagner de toutes les dispositions à mettre en place pour la sécurité des futures transactions.
RÔLES DES RÉGULATEURS TÉLÉCOMS DANS L'ÉCONOMIE LA 4è RÉVOLUTION INDUSTRIELL
Avant l'interaction avec les différents intervenants, M. James CLAUDE, PDG de GVG, a parlé de CyberSecurity à l'heure de la transformation numérique. En 2021, la cybercriminalité coûtera six milliards de dollars par an. Comment faire face à cette menace ? La collaboration entre d'autres régulateurs était l'une des solutions proposées par M. James. C'est également le sujet qui a été abordé par le panel.
Compte tenu de l'évolution rapide du numérique, les régulateurs auront une grande responsabilité. Nous devons donc nous y préparer. De plus, nous devons nous concentrer sur les utilisations; ils nous montrent comment diriger les normes de sécurité. La cybersécurité n'a pas d'avenir sans métiers et services. De plus, le gouvernement doit s'adapter et les régulateurs doivent être agiles. En outre, l’un des rôles des États est de soutenir l’innovation. Il se concentre particulièrement sur les problèmes de la cybercriminalité. cela devrait être l'affaire de tous, au niveau local, régional ou même international.
RÔLES DES BANQUES & RÉGULATEURS DE BANQUES DANS L'ÉCONOMIE LA 4è RÉVOLUTION INDUSTRIELLE DANS LE CONTEXTE DE LA TRANSFORMATION DIGITALE ET DE LA CYBERSÉCURITÉ
Les banques fournissent un service traditionnel de dépôt, d'épargne et d'investissement. La digitalisation de celles ci permet aux clients d'accéder plus facilement à ces services de manière personnalisé. Cette digitalisation entre en compte dans la 4è révolution industrielle. Cependant, les banques traditionnelles ne sont pas sur le déclin. Il leur faut simplement s'adapter aux nouveaux besoins et contraintes de cette révolution tout en fournissant des services sécurisés. Pour cela, on a deux modèles de transformations digitales dans le secteur bancaires : le modèle "In-House" où la banque est exceptionnellement un incubateur de fintechs en charge du suivi d'activités spécifiques de projets de numérisation; le modèle "alliance" où cette banque devrait s’associer aux opérateurs téléphoniques pour fournir de nouveaux services numériques.
La moyenne en termes de cybersécurité donné aux banques de la sous-région est de 5 sur 10. Des mécanismes sont en effet mis en place pour faire face aux attaques de plus en plus sophistiquées. La cybersécurité est le grand défi des banques dans la 4è révolution industrielle. Elle se doit d'être proactive pour permettre aux clients d'accéder aux services bancaires en toute sécurité.
RÔLE DES FEMMES DANS LA 4è RÉVOLUTION INDUSTRIELLE
Le panel est introduit par Mme Raymonde GOUDOU-COFFIE, Ministre de la Modernisation et de l'Innovation du Service Public ivoirien qui a noté l'importance d'encourager les femmes qui mènent des initiatives dans le domaine de la technologie. En effet, de plus en plus de femmes sont impliqués dans les TIC. Le rôle de ces dernières a été abordé sur deux sujets : la place des femmes dans la 4è révolution industrielle et quels mesures prendre pour encourager les jeunes filles à s'impliquer en TIC.
Le rôle de la femme est présent dans tous les aspects de la société. Ainsi, il en est de même que dans les TIC. Malheureusement, les idées sociales persistent surtout en Afrique sur la capacité de celles ci à exercer les mêmes métiers que les hommes, surtout les métiers techniques. Et pour cela, les Etats et les femmes elles mêmes doivent prouver le contraire. Le premier sujet a donc pris fin sur ces mots : "On s'attend à ce que la femme prenne la place qui est la sienne, car être une femme, c'est être consciente de sa valeur et de son pouvoir, et savoir que cela ne diminue en rien les autres."
Et pour celà, que faire ? C'est à cette question que le second sujet de ce panel a répondu. Il passe par l'éducation, la spécialisation dans les TIC, les programmes de formation et d'accompagnement à l'innovation et à l'entreprenariat.
Lieben AHOUANSOU